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Kendrick Kelvin
1 décembre 2016

La mort de l'agriculture française

Quand François Hollande dit que la France va mieux, de quoi veut-il parler ? De la paix sociale ? De la guerre civile ? De l’invasion ? De l’éducation sinistrée ? Non : de l’économie. Les « voyants sont au vert », paraît-il. Sauf qu’on se moque du monde : l’agriculture est au bord du suicide, comme l’établissent les dernières données publiées par la MSA, la Mutualité sociale agricole. La CGT, FO et les casseurs légitimés aux yeux de l’opinion par deux mois de grève contre la loi travail ; une vague de migrants qui sème le désordre de Calais à Menton ; un baccalauréat obtenu par des quasi analphabète en attendant que les enfants de CP apprennent l’arabe ; le directeur de la DGSI, Patrick Calvar, affirmant devant une commission d’enquête parlementaire que la France est au bord de la guerre civile : comment le président de la République peut-il dire que la France va mieux ? C’est tout simple : en bon énarque élevé à l’économisme il a senti un léger ralentissement dans la catastrophe économique. Pour reprendre le vocabulaire des lecteurs du Monde, certains « indicateurs sont au vert ». Le chômage n’augmente plus uniformément. Et le moral des entreprises de taille intermédiaires (ETI) est « au plus haut depuis cinq ans ». Cela pose la question des indicateurs fiables, ou plus simplement et plus généralement de la mesure des phénomènes. Comment mesurer si la France va mieux, ou pas ? Pour trancher une question de ce genre, il faut disposer de données certaines et significatives. Par exemple, si vous vous êtes gelés tout un printemps sous la pluie les pieds dans les inondations, le thermomètre à 34 degrés donne une mesure indiscutable qu’est revenu ce qu’on nomme à tort ou à raison chez nous le beau temps. La chose est simple et ne souffre pas de discussion. À l’inverse, brosser une image acceptable de l’immigration en France est une tâche compliquée, en partie parce que notre pays, à la différence de la Grande Bretagne ou des États-Unis, n’autorise pas les statistiques ethniques et religieuses. Il faut beaucoup d’ingéniosité pour trouver des failles dans l’écran statistique placé par l’INSEE devant notre réalité sociale pour la masquer. La médecine peut en ouvrir : ainsi connaît-on la proportion des bébés venus du sud dans le total des naissances en France (35 %) grâce au test de dépistage d’une maladie rare, la drépanocytose, qui n’affecte que certaines populations, et qui est pratiqué sur 35 % des nourrissons nés aujourd’hui. Quant à l’activité économique en France, François Hollande veut se persuader et nous persuader qu’elle va mieux parce qu’il en a fait la condition sine qua non de sa candidature en 2017. Il a exclu de se représenter si le chômage ne régressait pas et il semble qu’il ait régressé en mars et avril. Mais cette baisse est très faible, elle ne touche pas toutes les catégories de chômeurs, et elle peut être l’effet de la négligence des chômeurs à signaler leur situation. Cet indicateur n’est donc ni fiable ni significatif. On attend les chiffres de mai demain pour en savoir plus, mais quel que soit le résultat on n’aura rien de décisif. Plus intéressant pour le pouvoir semble le baromètre BPI France Le Lab selon lequel « le moral des patrons des entreprises de taille intermédiaire est au plus haut depuis cinq ans ». Cocorico. Pour le coup, François Hollande paraît fondé à dire que la France va mieux. Une précision : une ETI emploie entre 250 et 4 999 salariés pour un chiffre d’affaire inférieur à 1,5 milliard d’euros. Il y en a 4 800 en France, dont un quart propriété étrangère, et la moitié de leurs salariés travaille dans l’industrie. Ce n’est donc pas négligeable, mais que nous dit l’information : que la majorité de leurs dirigeants trouvent que ça va mieux. C’est une déclaration, une impression, non un fait avéré. Sur quoi se fonde cette impression ? Sur des carnets de commandes qui font anticiper à 47 % des patrons d’ETI une augmentation de leur chiffre d’affaire et les portent à embaucher. Et aussi, pour être honnête, sur une restauration des marges dues en partie à la baisse du pétrole. Dès que quelque chose va un peu mieux, on ne va pas cracher dessus, mais ce n’est tout de même pas ça qui va sauver la France. On ne sait si le mouvement esquissé est pérenne ni surtout s’il va s’étendre aux PME qui sont le vrai cœur économique du pays et le plus gros employeur de France. Pour mesurer sérieusement si notre pays va mieux ou non, mieux vaut chercher des données moins sollicitées. Et il nous en vient précisément du monde agricole, en l’espèce de la Mutualité sociale agricole, qui vient de publier des chiffres inquiétants lors d’une conférence de presse de son président, Pascal Cormery.

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